VERDUN 1916

 

Origines de la bataille

Après la défaite sur la Marne en 1914, les Allemands sont restés sur la défensive sur le front Ouest durant l'année1915. Le temps est venu pour eux de reprendre l'offensive. C'est ce que décide Erich von Falkenhayn, le nouveau chef d'état major général Allemand...

En France, il existe un lieu si cher au cœur des Français, que pour sa défense, ils feront tuer jusqu'au dernier homme. S'ils agissent ainsi, la France sera saignée à mort... Quel lieu ? Demande le Kaiser...

...VERDUN.

Le plan d'attaque élaboré par Falkenhayn, est mis en œuvre par le Kronprinz, le fils héritier de Guillaume II lui-même. Mais pourquoi VERDUN?

Le commandement Français, ayant vu tomber tous les forts belges sous les coups des obusiers lourds Allemands. Ne croit plus aux places fortes, qu'il pense vulnérable au feu de l'artillerie. Or, ce qu'il ignore c'est que les forts belges n'ont pas été anéantis par l'artillerie, mais par des fourneaux de mines... Astucieuse machination, dont la propagande allemande se sert pour démontrer qu'aucun fort ne saurait résister aux canons de son armée.

 

 

C'est ainsi que depuis 1915, manquant cruellement d'artillerie, les Français désarment méthodiquement les places fortes afin d'y récupérer les canons. Verdun n'échappe pas à cette règle. Cependant ce secteur se trouve trop isolé au milieu des lignes ennemies, formant une avancée en demi-cercle... Ce qui n'a pas échappé aux stratèges allemands !

En effet, cela signifiait qu'une grande masse d'artillerie pouvait effectuer des tirs convergents. Les nombreux petits bois de cette région vallonnée, permettait de dissimuler les canons et de défiler les mouvements de troupes. Pour finir les hommes

et le matériel pouvait être acheminés par un réseau ferré étendu et dense, alors que du côté français, le saillant de Verdun n'était relié au corps du pays que par un mince cordon ombilical...

Voilà les arguments qui ont fait choisir Verdun comme objectif aux Allemands pour leur grande offensive. Et, force est de reconnaître que ces arguments étaient tout à fait défendables.

Mais Joffre lui-même, refusait de croire à une attaque. Il répondait invariablement aux sceptiques" : Je ne demande qu'une chose, c'est que les Allemands m'attaquent, et s'ils m'attaquent, que ce soit à Verdun."

Or, malgré le secret des préparatifs, un lieutenant-colonel, dont le secteur était en première ligne, pressenti, le premier, l'attaque sur Verdun. Lui et ses hommes ne se demandaient pas si l'activité allemande se réveillerait à l'Est ou à l'Ouest... Non, ils croyaient tout bonnement à ce qu'ils voyaient et entendaient. Ils avaient vu s'élever dans les lignes adverses un observatoire, ils entendaient chaque nuit du côté de l'ennemi, des bruits de ferraille et le roulement de milliers de trains charriant jour et nuit hommes et matériels. Ce lieutenant-colonel commandait les hommes du 56e et 59e chasseurs à pied qui tenaient les positions en première ligne au bois des Caures. Mais malgré ses cris d'alarmes, sur l'imminence d'une attaque, Driant ne fut pas écouté.

C'est que, pour emporter la décision à Verdun, les Allemands voulaient engager une véritable bataille d'extermination. Pour ce faire, ils avaient groupé sur le même secteur, la plus fantastique concentration d'artillerie, jamais vue depuis le début de la guerre. Des calibres énormes, du 380, 420mm voir jusqu'au 520mm, avaient été ramenés du front de l'Est, des monstres, prêts à recommencer leur œuvre de destruction...

L'attaque est fixée pour le 12 février. Mais le 12 une bourrasque furieuse de vent et de pluie s'abat sur les Hauts de Meuse empêchant tout tir efficace de l'artillerie. Le mauvais temps va persister ainsi, jusqu'au 21 février...

 

Déchaînement

 

Il avait neigé la veille, puis le gel était venu. On dut, ce matin là évacuer des hommes qui avaient les pieds gelés. Au prix d'orteils amputés, ceux-là auraient la vie sauve...

7 h 15. Quelque chose se produisit. Les hommes virent la mince couche de neige tomber des branches... Elle n'avait pas eu le temps de toucher le sol, que les chasseurs du 56 et 59e sentirent leur poitrine se comprimer. Plus rien n'existait qu'un monstre rugissant, hurlant, tonnant, partout répandu, qui crevait la terre, la soulevait, la fouaillait la déchirait, la jetait par morceaux énormes dans l'épaisseur des fumées suffocantes mêlées de poussière et de débris qui avaient remplacé l'air respirable. Constamment, sans la moindre interruption, tombait du ciel jaune obscurci une pluie de fin du monde, faite de terre, de branches, de pierres, de poutres, d'armes brisées, de morceaux de métal et de débris de corps humain. Jamais l'histoire humaine n'avait connu un tel

bombardement, une telle apocalypse tombée du ciel. Les chasseurs de Driant voyaient des hommes à moins de 2 mètres d'eux, être volatilisés, par l'explosion des obus, réduis à une simple tâche sur le sol. Ce martèlement des positions françaises dura ainsi jusqu'à 16 heures. 9 heures de bombardement ! C'est alors que le tir allemand s'allongea et sue les colonnes se mirent en marche ! Oui en marche. Il suffisait d'un simple regard sur le terrain dévasté par le

bombardement pour réaliser qu'il ne pouvait rester aucun survivant après un tel pilonnage. L'artillerie, non l'infanterie, serait la reine de cette bataille, elle devrait conquérir, et les fantassins n'auraient qu'à occuper le terrain, pendant que les canons avanceraient afin de reprendre le pilonnage plus loin sur les lignes françaises. Cependant, des hommes avaient survécu à ce terrible bombardement, et eu égard à leur petit nombre, les hommes qui décidèrent d'ouvrir le feu sur les colonnes allemandes furent relativement nombreux. Le

phénomène Verdun était né. Dans les premiers jours de l'offensive, le fort de Douaumont sera enlevé sans combat par les Allemands. Le commandement français ayant négligé sa défense... C'est alors que le général Pétain est désigné par Joffre pour diriger les troupes françaises à Verdun. Pétain va effectivement réussir à contenir la poussée Allemande. Grâce à la route de Bar-le-Duc à Verdun, qui lui permit d'acheminer, hommes et matériels afin de sauver la ville.

 

 

Mais les Allemands n'auront de cesse de lancer des offensives. Sur les Hauts de Meuse. Chaque fois les "poilus" résisteront furieusement aux prix d'immenses sacrifices en vies humaines.

 

 

D'autant que les Allemands mettent en œuvre de nouveaux moyens d'extermination, comme le lance-flammes ou les obus à gaz... Mais malgré tous leurs efforts ils n'approcheront jamais à moins de 3 Km de la ville.

 

Cependant, les Français n'en restent pas là. Ayant enfin obtenu assez d'artillerie lourde, les généraux Mangin et Nivelle, lance de vastes contre-attaque pour récupérer le terrain perdu, et les canons tonnent à nouveau sur le front de Verdun !

Un énorme obusier français de 400mm, monté sur rails, viendra pilonner le fort de douaumont et permettra finalement sa reconquête le 24 octobre. Dès lors, les poilus reprendront aux Allemands la majeure partie du terrain perdu.

Cette bataille n'aura rien apporté aux belligérants, les Allemands subissant eux aussi des pertes énormes, pour des gains quasi-nuls. Durant cette atroce lutte à mort, le front n'aura bougé que de quelques kilomètres voir quelques centaines de mètres. Et alors que l'hiver arrive, près d'un demi-million d'hommes restent ensevelis sous les glaces du champ de bataille.

Verdun est devenu le symbole de la puissance et de la résistance française, mais c'est aussi son tombeau !