LE CHEMIN DES DAMES 1917

 

Après les batailles de Verdun et de la Somme, il était indiscutable que la technique de l'assaut frontal sur le front Ouest avait échoué. Mais, tragiquement, de plus grandes batailles étaient prévues. Bien qu'on ait limogé des généraux responsables des hécatombes dans les 2 camps, leur conception de la guerre survivait.

En 1917, Hindenburg, qui a remplacé falkenhayn à la tête des armées allemandes, décide d'effectuer un repli sur la "ligne Hindenburg" plus facile à défendre, il est assisté de Luddendorf.

Du côté français, le général Nivelle fait l'unanimité à la suite des glorieuses offensives qu'il a mené à la fin de la bataille de Verdun. On lui donne ainsi carte blanche pour élaborer un nouveau plan d'attaque afin d'en finir une fois pour toutes avec la guerre.

Son choix se porta sur un secteur situé entre Reims et Soissons : Le chemin des Dames, qu'il estimait être une position peu ou mal défendue. En fait, Nivelle était si persuadé de l'emporter, qu'il conçut un plan d'attaque aussi simple (et aussi meurtrier) que ceux de ses prédécesseurs. Il prévoyait une importante préparation d'artillerie, après quoi l'infanterie n'aurait qu'à occuper le terrain !

Erreur, grave erreur ! D'une part les Allemands étaient au courant de l'offensive, après avoir capturé des prisonniers, possesseurs de plans pour l'attaque. D'autre part les positions allemandes du chemin des Dames étaient formidablement défendues. Des casemates bétonnées pour les mitrailleuses, des abris souterrains à 10, voir 15 m de profondeur. Pour finir le terrain lui-même jouait en faveur des Allemands, les pentes du chemin des Dames étaient très abruptes et vouloir progresser sur un terrain aussi difficile sous le feu des mitrailleuses, était un véritable suicide !

Pourtant Nivelle ne se souciait pas de tous ces mauvais présages, affichant un optimisme insolant, il poursuivait les préparatifs de son offensive. Acheminant troupes et canons sur les premières lignes françaises en dessous du chemin des Dames. Tout ceci, étalé à la vue des guetteurs allemands. Bien sûr, ceux-ci ne restèrent pas inactifs et se préparèrent eux aussi à l'attaque, qu'ils savaient imminente...

 

Au matin du 16 avril, après la préparation d'artillerie, les troupes françaises s'élancent courageusement. Mais hélas, le tir des canons français n'a pas anéanti le dispositif allemand comme prévu... La riposte est immédiate et foudroyante. Le long des pentes ou les troupes montent à l'assaut, les terribles tirs croisés des puissantes mitrailleuses font des ravages atroces. Certains régiments n'existeront plus au soir du 16 avril. Cependant de l'arrière les ordres arrivent : il faut avancer, avancer coûte que coûte...

Les fantassins français, demeurent bloqués au bas des pentes, sous

le feu de l'artillerie allemande qui s'est dévoilée à présent et qui extermine, les hommes qui ont survécu au barrage des mitrailleuses. C'est une véritable boucherie ! Au cours du premier assaut, près de 40 000 combattants français périrent. Néanmoins Nivelle s'obstinait, et il persista 6 semaines durant, causant des pertes énormes : 270 000 hommes ! S'en était plus que ne pouvaient supporter les pauvres poilus. Ils en avaient assez des boucheries, des attaques improvisées qui ne servaient qu'à masquer l'absence de stratégie sérieuse de leurs chefs. Ils en avaient assez d'être traités comme du bétail. C'est ainsi qu'éclatèrent des mutineries. Des condamnations à mort furent prononcées et exécutées. Mais il était clair qu'il fallait cesser cette offensive inutile et meurtrière, afin de redonner le moral au pays tout entier. C'est ainsi que Pétain fut rappelé au commandement pour reprendre les choses en main. Dès lors on entendit plus jamais parler de Nivelle.